"Le plus rapide gagne", reconnaît le consultant en Technologie d' un hedge fund, qui est intervenu dans la mise en place d'une stratégie de Latency arbitrage.Il avance que la première étape est de maximiser la vitesse des logiciels et des connexions, avec des transmissions de données ultra-rapides, et la seconde étape est de trouver l'œuf en or ("golden egg", en d'autres termes: le bon pigeon) - le "golden egg" est dans ce cas une contrepartie dont les systèmes d'information sont plus lents que ceux utilisés par le Hedge Funds. Le seul risque, dit-il, serait que tout le monde devienne aussi rapide.De nos jours, alors que les systèmes peuvent procéder à des négociations à la vitesse de la lumière, les fonds peuvent exploiter un décalage de quelques millisecondes pour effectuer un arbitrage, mettant à profit ces ècarts pour sortir gagnant d'une opération. C'est en fin de compte ce que la Securities and Exchange Commission appelait dans les années 90 les "SOES bandits". A cette époque des traders qui gagnaient des milliers de dollars par jour en profitant d'un décalage de quelques secondes sur les Marchés.
Les opérateurs institutionnels, désormais capable de faire des millions de dollars de plus values en étant en avance de quelques millisecondes, sont dans le viseurs de certains autres intervenants qui pensent que la SEC devrait sévir à nouveau. En utilisant le Latency arbitrage, ces fonds peuvent synthétiser les cours des marchés et répliquer le "National Best Bid and Offer" (NBBO). La SEC prévoit d'utiliser les courtiers NBBO - cours le plus élevé à l'achat et le cours le plus bas à la vente sur une valeur donnée - en tant que Prix indicatif, pour les obliger à la les mettre à disposition de tous leurs clients.Concrètement, les marchés envoient des mises à jour en continu du NBBO des valeurs en flux distincts pour les cotations des cours. Pour beaucoup, les "dark pools" sont incriminés (les Dark Pool sont des échanges d' exécution électronique ne diffusant pas publiquement aux autres investisseurs leurs achats et leurs ventes au milieu du NBBO car cela procure à leurs clients une discrétion totale).
Le délai entre l'apparition des ventes (offres) et des achats sur les flux directs et le traitement via le NBBO présente en dèfinitive des opportunités d'arbitrage.Si les ordinateurs d'un fonds sont assez rapides, ils peuvent envoyer leur ordre en avance d' une fraction de seconde sur les dark pools, tout en ayant connaissance du cours vers lequel il se dirige. Beaucoup de fonds quantitatifs, qui s'appuient sur des modèles informatiques de trading, ont la capacité d'entrer et de sortir des positions importantes en quelques millisecondes, ce qui signifie que l'achat d'une valeur sur le marché et la vente via un dark pool après une légère hausse que vous avez déterminé au préalable est un jeu d'enfant."Avec ce système, vous avez le Wall Street Journal de demain aujourd'hui", a déclaré Richard Gates, un gestionnaire de portefeuille pour les fonds de TFS Market Neutral à West Chester, en Pennsylvanie, qui a examiné une stratégie de Latency arbitrage. "Il s'agit là des types de stratégies d'investissement que les arbitragistes et les gestionnaires de hedge funds recherchent le plus".Dans le même temps, M. Gates compare ce Latency arbitrage au "mutual fund market timing", une pratique interdite en 2003, dans laquelle certains opérateurs connaissaient à l'avance les cours.
Les régulateurs reconnaissent que les cotations sont transmises en flux directs plus rapidement que par le NBBO, mais ils ne croient pas que le décalage est assez important pour offrir des opportunités d'arbitrage majeures. Les régulateurs ont averti que toute «simulation» de NBBO serait une estimation approximative, car tous les systèmes diffusent leurs cours à des vitesses légèrement différentes.Dans un e-mail rendu public par Dow Jones, un opérateur de dark-pool a estimé que les flux NBBO utilisaient des cours retardés de 10 à 15 millisecondes – ce qui donne assez de temps à un fonds pour estimer le NBBO en utilisant ses propres moyens de routage et passer un ordre. Redline Trading Solutions, une société de logiciels financiers, affirme que l'un de ses produits permet de récupérer des cours de flux directs de manière à transmettre des ordres en microsecondes "avec un seul chiffre".Selon M. Gates, les flux directs ont un coût prohibitif. Mais pour les grands fonds, M. Gates avance qu'il serait stupide de ne pas s'engager dans le Latency arbitrage. M. Gates conclue en avançant que les dark pools, dont la rentabilité est liée à leur volume, peuvent être tentés de fermer les yeux sur leur activité aussi longtemps que leurs clients ne se plaindront pas.
Source: traduit de Measuring Arbitrage in Milliseconds
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