Wall Street2: un regard lucide d'acteur sur la Finance

J'ai été étonné de la lucidité de l'acteur de 24 ans, Shia LaBeouf, qui joue le rôle du jeune protégé de Gordon Gekko (Michael Douglas) dans la suite de Wall Street (qui sort en Septembre en France). Je l'ai regardé lors du Grand Journal à Cannes, et il m'avait plutôt fait bonne impressions. 


Dans une entretien au très bon magazine Challenge, le jeune acteur avoue qu'il s'est lui-même pris au jeu pour parfaire son jeu de comédien, en investissant sur les marchés avec l'appui de Charles Schwab. Suite à sa brève expérience, il retient que "la confiance est la principale qualité nécessaire quand vous boursicotez pour votre compte". On ne le contredira pas.


Il porte un regard bienveillant envers les courtiers de Wall Street : "ceux qui ne connaissent pas ce monde ont l'impression que ce sont des gens maléfiques, mais ce n'est pas le cas". Selon lui, il ne faut pas "blâmer seulement Wall Street pour la crise financière, cela reviendrait à accuser Hershey de tous les problèmes d'obésité".


Il nous renvoie un moment à l'exubérance irrationnelle d' Alan Greenspan: "ce n'est pas parce que les taux d'intérêt sont bas que vous avez suffisamment d'argent pour investir dans un produit. Wall Street a rendu cet argent disponible, mais l'appétit humain pour la propriété et la richesse a aussi été un facteur important".

Depuis le début de la crise, il estime que "le tableau est toujours aussi sinistre: la régulation n'a pas vraiment changé, le fonctionnement de la SEC non plus...". 


Là ou son intervention m'a beaucoup plu, et que je parle de lucidité, c'est lorsqu'il évoque le Krach du Jeudi 6 Mai "Wall Street a quasiment connu la pire-demi heure de son histoire et c'était à cause du flash trading [trading à la milliseconde permis par des logiciels, ndlr]. Attendez, maintenant, vous ne pouvez même plus pointer la responsabilité de personne, c'est un krach informatique? Les bons pères de famille ont besoin de savoir qui pointer du doigt, sinon ils perdent confiance dans le marché".

A propos de la reforme financière, il pense que "la première chose à interdire est le fait que des banques de dépôt puissent investir comme des hedge funds. Vous ne pouvez pas prendre l'argent d'un chauffeur de bus et le traiter de la même façon que l'argent de poche de George Soros, car lui s'en fout s'il le perd" avant d'ajouter "qu'il fallait plus de transparence" tout en pointant du doigt les agences de Notation.

Propos recueillis par Jean-Marie Pottier, journaliste à Challenges.fr, à Cannes, le vendredi 14 mai 2010.