Extrait de l'article Bloomberg intitulé "Diebold Plunge May Show How ‘Dueling Algorithms’ Roil Markets" ("Le plongeon de Diebold pourrait être le fait d'algorithmes")
Le 2 Juin, au moment d'une réunion avec les investisseurs, le chef de la direction de Diebold, Thomas Swidarski, a vu le cours de l'action de son entreprise chuter de plus de 30 % en six secondes. À la fin de la journée, plus de 6 millions d'actions de ce fabricant de distributeurs automatiques de billets ont été échangé, soit environ 11 fois le volume habituel. L'action a clôturé à 29,08 $, soit 3 % de plus que lors de son ouverture.
Cette chute est actuellement examinée par les régulateurs américains. Il y a pu y avoir une News concernant Diebold, et qu’au même moment les programmes informatiques aient alors analysé et avant de négocier des ordres instantanément sans intervention humaine, selon certains analystes. L'incident met en lumière les préoccupations au sujet de la négociation à haute fréquence, comme ceux qui ont provoqué le Flash Crash du 6 mai qui a entraîné des pertes de 862 milliards de dollars sur le marché des actions en moins de 20 minutes.
"L'époque où les humains échangeaient avec les êtres humains a depuis longtemps été remplacé par un ordinateur qui traite avec un autre ordinateur", a déclaré James Angel, professeur de finance à l'Université Georgetown de Washington. "Ce que nous voyons ici sont des algorithmes qu’on appelle « Dual ». Certains algorithmes sont déclenchés, l'action baisse, les autres investisseurs regardent et se disent qu’il faut acheter, puis tout repart. "
La chute libre de Diebold du 2 Juin a commencé après que la Securities and Exchange Commission ait annoncé que l'entreprise paierait 25 millions de dollars pour régler une poursuite suite à une fraude comptable. L'accord a été révélé bien avant, un an plus tôt exactement, et Diebold avait annoncé vouloir se conformer à la sanction qui consistait à payer ce montant à la fin de l'enquête et que l’entreprise allait abandonner ces pratique frauduleuse de l'enregistrement de ventes de machines avant qu’elles ne soient livrées. La SEC a également porté plainte le 2 juin contre trois ex-dirigeants de Diebold.
Plongeon… en Six secondes chrono
À 12h22, Diebold a plongé de 8 $ en six secondes à 18,26 $, selon les données de Bloomberg. Le cours est alors remonté en flèche et s'échangeait au dessus de 25 $ une minute plus tard, à 12h23.
Le porte-parole de l'entreprise, Michael Jacobsen, a déclaré que Diebold était déterminé à enquêter sur la chute du cours de son action. Bien que les régulateurs n’aient pas exclu la possibilité que les ordres sur Diebold aient été exécutés de manière classique, ils enquêtent aussi sur l’exécution des transactions à la milliseconde (plus communément appelé HFT).
La SEC, composée principalement d’avocats et de comptables, comprend aussi des statisticiens et des anciens employés de hedge funds dans ses rangs. Le mois dernier, l'agence a proposé un système de 4 milliards de dollars pour le suivi d'événements de marché inhabituels et des transactions suspectes en temps réel.
L'agence est "préoccupée", a déclaré Terrance Hendershott, professeur agrégé de finance à l'Université de Californie (Berkeley Haas School of Business). "Tout le monde veut croire que dès lors qu’ils envoient leur ordre sur le marché, ils vont obtenir un prix qui est juste."
Événements historiques
« L'utilisation de logiciels d'analyse et de trading qui traitent des ordres en quelques millisecondes sur les News des communiqués de presse ont pris un envol considérable au cours des trois dernières années », a déclaré Timothy Sargent, directeur général de Quantitatives Services Group LLC. Ce type de logiciel est basé sur des algorithmes qui traitent sur le marché à partir de données historiques, des événements ou des mots-clés, et qui poussent les cours vers le haut ou vers le bas selon la direction qu’ils souhaitent prendre.
« Il s'agit d'une activité d'analyse pour examiner la pertinence des mots choisis », selon Sargent, dont l'entreprise vend des solutions à des investisseurs institutionnels. "Evidemment, tout cela comporte des mots négatifs et des mots positifs, et c’est bien cela qui dicte les règles au marché."
Dow Jones Newswire, Thomson Reuters ou encore Bloomberg LP sont des services dédiés justement au trading algorithmique.
«Course à l’armement»
Les fluctuations des cours de manière temporaire a conduit certaines entreprises à installer un logiciel qui cherche à profiter d’un point bas pour procéder à un achat (en swing). Par exemples, Pipeline Trading Systems LLC aide les investisseurs institutionnels à mettre en œuvre des algorithmes qui visent à identifier la fin d'une vente massive. Fred Federspiel, fondateur de la société indique qu’il s’agit là d’ « une course aux armements entre les traders institutionnels qui font fluctuer les cours face aux positions des gestionnaires de portefeuille et des traders qui déploient des outils pour déterminer dans quelle direction il faudrait négocier un titre particulier », a-t-il déclaré. "Si une partie vient à cette interaction, sans une machine bien programmée de son côté, alors ils risquent de perdre beaucoup d'argent" a-t-il ajouté.
« Les traders ne se soucient pas des algorithmes qui peuvent parfois mal interpréter les données à mesure que les ordinateurs réussissent à minimiser ce type d’erreur », confie Sargent de Sargent of Quantitative Services Group.
« Les dollars et l'argent engendrée dans la majorité des cas suffit pour poursuivre ces stratégies », a-t-il dit. « Comme dans tout procédé, il y a parfois des déchets, mais dans l’ensemble tout cela fonctionne très bien. »
Disjoncteurs
Afin de répondre au crash du 6 mai, la SEC a mis en œuvre un coupe circuit sur une base expérimentale afin de suspendre les transactions des valeurs du Standard & Poor's Index 500 lorsque les prix montent ou baissent de 10 % en moins de cinq minutes. Le test ce coupe circuit, qui est prévu pour durer jusqu’au 10 décembre impose une pause de cinq minutes pour laisser les participants du marché évaluer les News de la société et présenter de nouveaux ordres d’achat et de vente.
Bien que Diebold ne soit pas répertorié sur le S & P 500, la présidente de la SEC, Mary Schapiro a annoncé qu'elle prévoyait "rapidement" d'élargir le programme pilote de six mois à plusieurs "milliers" d'entreprises supplémentaires.
Enquêtes
Les spécialistes des marchés, de même que la SEC et la Financial Industry Regulatory Authority se penchent sur ce qui a déclenché les ordres de Diebold et si la vente massive pourrait avoir résulté d’une manipulation ou d’une information d’un initié, selon des personnes familières au dossier et qui parlaient sous l'anonymat.
Ce 2 Juin, 427 ordres ont été exécutés sur Diebold en dessous des 23 $, portant sur une quantité totale d’ environ 113 600 actions, selon les données de Bloomberg. Tous les ordres ont été acheminés de manière électronique, via le Nasdaq Stock Market ou Bats Exchange. Aucune transaction sur Diebold ne s'est produite pendant 70 secondes sur le New York Stock Exchange à partir à 12h22.
«À l'affût» (‘On the Lookout’)
La chute du cours de Diebold n'est pas le premier cas à être examiné par les régulateurs. En Mars 2009, la SEC annonçait qu’elle étudiait aussi pour quelles raisons les actions de Dendreon avaient chuté de 69 % en moins de deux minutes en avril 2009. Quelques minutes après, la négociation a été interrompue, le fabricant de médicaments déclarait que son traitement contre le cancer (le Provenge) prolongeait la durée de vie moyenne des hommes dans une étude clinique, entraînant une explosion de plus de 130 % dans les heures qui ont suivi.
«Nous sommes constamment à l'affût des transactions aberrantes», a déclaré Scott Friestad, directeur associé de la division d'application de la SEC, refusant de commenter un cas particulier. "Dès que nous rencontrons des négociations qui semblent suspectes, notre pratique normale est de prendre des mesures afin de déterminer si une conduite irrégulière a eu lieu".
« Cette hausse soudaine de Diebold peut avoir heurté les investisseurs qui ont utilisé des ordres stop-loss », a déclaré Hendershott, qui est un consultant auprès des entreprises qui procèdent au HFT.
Ordres « stop loss »
Un investisseur qui place un ordre « au marché » est demandeur auprès d'un broker pour acheter ou vendre une action le plus rapidement possible à n'importe quel prix. Un ordre stop-loss ordonne à un courtier de vendre des actions pour un client à un prix déterminé pour limiter des pertes potentielles. La baisse du cours de Diebold peut avoir été déclenchée par des ordres stop-loss, qui ont pu être ramassé.
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